L’intelligence collective de l’organisation logistique

La Semaine Internationale du Transport et de la Logistique (SITL) qui s’est tenue du 23 au 26 mars  2010 à Paris nord Villepinte – Hall 6 a été pour moi l’occasion de rencontrer d’autres membres de la « communauté logistique » représentant plusieurs entreprises et pays. Les conférences auxquelles j’aurais participé étaient d’une très haute qualité. J’ai pu remarquer des échanges interactifs entre les conférenciers et les participants.

Comme souvent, j’y étais avec pour objectifs de : -       Toucher du doigt et comprendre les grandes tendances de mon métier. -       Rencontrer du monde pour étoffer mon réseau professionnel.
Cependant, c’est la première fois que mon second objectif soit soumis à si rude épreuve. De mon point de vue il y avait très peu d’échanges C to C entre les professionnels : Est-ce l’évidence que les tenants de ce corps de métier d’hommes à 80% ne savent plus construire un réseau ? Je n’en ai pas la certitude.
Très bien ! Justement, je me méfie des évidences et des certitudes. Je défends l’idée que le rapport humain reste une valeur ajoutée ; certainement la plus importante du management logistique sans laquelle il est difficile d’optimiser la dimension technologique que l’on donne à son organisation opérationnelle et commerciale.
Par rapport aux tendances que j’ai pu observer, je me permets de penser que la logistique de l’entrepôt ne peut se limiter à mettre en avant l’éloge des technologies WMS (Warehouse Management System). Je m’explique : nous faisons un peu trop confiance à nos logiciels de gestion au point d’en oublier (avec candeur) leurs limites et l’importance de la dimension humaine des opérateurs et opératrices ; ouvriers, agents de maîtrises ou cadres. Dans un entrepôt, la technologie de l’automatisation ne représente aujourd’hui que 20% des améliorations que nous apportons à notre organisation opérationnelle (ce qui n’est pas rien en terme de performance). 80% tient de la relation humaine ou de ce que j’appelle l’intelligence collective de l’organisation logistique.
La présence de plusieurs entreprises commercialisant des solutions WMS est bien  la preuve qu’il existe un marché qui progresse et une offre très différenciée des solutions automatisées à apporter et à intégrer à l’optimisation des entrepôts. L’enjeu, c’est la promesse d’une augmentation des rendements aussi bien dans les rapports que l’entreprise entretient en interne qu’en externe. Mais à cela, il existe une nuance : La recherche de l’amélioration des performances logistiques au travers d’un outil tel que le WMS devrait en amont forcer les entreprises à solliciter les services de consultants indépendants sortis de différents horizons. 
En effet, ce n’est pas le fait qu’un responsable logistique réfléchisse à trouver une solution d’amélioration de la performance de son entrepôt qui est gênant (bien au contraire). Ce qui gêne, c’est le fait d’avoir devant soi des commerciaux d’éditeurs ou des vendeurs de solutions WMS qui vous expliquent qu’en dehors de la leur, il n’en existe aucune autre qui serait susceptible de répondre à votre besoin. La leur étant forcément celle qui s’adapte au mieux à ce que vous recherchez sans pour autant vous proposer de réfléchir en amont à des solutions sur mesure qui allieraient richesse fonctionnelle par anticipation et adaptation complète à l’existant. C’est comme faire acheter un véhicule turbo diesel 4x4 de 7 places à une famille qui habite en Ile-de-France et qui d’ailleurs n’a que deux enfants et n’a aucun projet à court, moyen et long terme d’aller visiter les montagnes du Kilimandjaro. Avoir un véhicule 4x4 de 7 places peut paraître bien pour soi et pour les personnes qui nous sont proches, mais en terme d’utilité, de performance ou de gaspillage, il y a de quoi se poser de vraies questions.   
Très peu de responsables logistiques prennent le temps de comparer les lacunes de fonctionnalité pouvant apparaître sur certaines solutions WMS. Or, les outils ne peuvent être que la fin de la réflexion sur la problématique et les avancées que l’on veut introduire dans l’entrepôt pour améliorer son management et il ne faut rien négliger.
L’exemple de ces véhicules qui se sont retrouvés avec des pédales de frein ou d’accélérateurs impossibles à maîtriser nous enseigne. L’industrie automobile en a incontestablement tiré les conséquences.Beaucoup de solutions WMS ont des fonctionnalités qui pourraient ne pas être utiles à la gestion de certains entrepôts. Le problème n’est donc pas l’outil, mais l’absence de diagnostic indépendant et impartial. Car en dehors des entrepôts modernes et construits sur mesure, il y en a très peu qui ont introduit des solutions d’automatisation en ayant suffisamment pris le temps de les comparer, de les simuler ou de les projeter dans l’avenir de l’entreprise. Est-ce une question de ressources ? de temps ou de certitudes démesurées ? 

Frédéric Kouloufoua

1 commentaire:

  1. Bonjour Frédéric,

    Suite à nos quelques entrevues récentes, je prends connaissance de ton blog et je viens de lire ton constat sur l’automatisation des tâches, ainsi qu’à propos de l’utilisation de progiciels de gestion d’entrepôt et, en particulier, WMS.

    Lors d’une volonté d’un entrepreneur d’installer un progiciel de gestion d’entrepôt, tout cabinet de conseil en logistique lui proposera une démarche en 6 étapes : cadrage du besoin, analyse fonctionnelle, développements spécifiques, installation et configuration, tests-formation et plans de transition, démarrage et suivi.

    Maintenant, de la théorie à la pratique (réalité terrain).
    L’implantation d’un tel progiciel est souvent mal conduite pour les motifs suivants :
    1. Les collaborateurs de l’entrepreneur n’ont pas la culture du travail en mode ‘’projet’’ et de pratiquer la conduite du changement.
    2. Les interlocuteurs des consultants sont souvent le directeur de l’informatique, quelques managers de proximité et collaborateurs désignés par les responsables.
    3. Les collaborateurs retenus pour être formateur et enseigner aux autres collaborateurs n’ont pas forcément la fibre pédagogique.

    Enfin, les sociétés internationales, imposent à toutes leurs filiales un seul système d’information permettant une gestion globale en termes de Groupe et un langage international : l’anglais.
    Ces entreprises utilisent souvent SAP.

    Olivier Belin

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